La chasse aux bonnes affaires

Migros-Magazine
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Paru le 18 Janvier dans Migros-magazine

Dénicher le meilleur produit au meilleur prix - sur la Toile ou dans les magasins - est le rêve de nombreux consommateurs. Mais quelles sont les limites de cette chasse aux bons plans ?

Janvier, c'est la saison traditionnelle des soldes. Sur des affiches ou dans les vitrines, les magasins vantent des offres à ne pas manquer. Les consommateurs recherchent la meilleure affaire, jubilent en la trouvant, délient les cordons de leur bourse ou tapent fébrilement les codes de leurs cartes bancaires.
Pourtant, pas besoin d'attendre les périodes habituelles de rabais pour acheter des articles à bon prix : il existe des magasins d'usine dits "outlets" qui offrent des produits à moindre coût (même la Migros s'y est mise à Sion et Romanel-sur-Lausanne), les plus connus étant sans doute ceux d'Aubonne et de Villeneuve, dans le canton de Vaud.

Les bons prix se trouvent aussi sur le Net

Mais il y a aussi les bons plans que l’on peut dénicher sur la Toile: des sites de ventes privées parmi lesquels eboutic.ch, mystore.ch ou ceux de ventes aux enchères ebay.ch ou encore ricardo.ch. Dans le domaine des transports, on cherche le vol le moins cher en réservant tôt sur easyjet.com ou en cherchant un billet de train dégriffé sur le site cff.ch. Faire du sport (easy-ski.ch) ou regarder une pièce de théâtre (beausobre.ch avec ses actions last minute) à prix cassés, c’est possible aussi, à condi- tion d’avoir de la patience et de la chance. Conjuguer emplettes et rabais, cela s’appelle «smart shopping» et on ne parle plus de radi- nerie, mais d’«achats malins».

Mais jusqu'où ira cette course aux bonnes affaires? Vu l’abondance des prix cassés, le client ne se ferait-il pas plumer en achetant sans rabais?
«Grâce à internet, les consommateurs ont accès à des offres dont ils n’avaient pas connaissance auparavant», observe David Boss- hart, CEO de l’Institut Gottlieb Dutt- weiler (GDI) à Rüschlikon (ZH), spécialisé dans la recherche de thèmes socio-économiques et la découverte de tendances. Revers de la médaille de cette abondance de super offres: «Plus les consommateurs sont confrontés à des prix qui baissent, plus leur confiance envers les vendeurs diminue, explique le directeur du GDI. Car dans leur conception, cela signifie que la qualité du produit en souffre ou qu’on leur a trop fait payer dans le passé.»
Ce que le consommateur doit débourser est bien sûr un point important dans l’acte de consommation, mais ce n’est pas le seul critère. «Nous constatons une réorientation vers des valeurs autres que l’argent. Notre étude «Consumer value monitor» a démontré une préférence pour des articles alimentaires produits de manière responsable, soucieuse de l’environnement et des hommes.»

Des réactions subjectives

Comme le constate Emmanuel Combe (lire l’entretien ci-contre), l’acheteur est davantage enclin a rogner sur le prix de certaines marchandises. «Le consommateur fait souvent preuve d’un comportement schizophrénique, ajoute David Bosshart. Toute augmentation de prix pour un litre de lait de 5 centimes provoque des réactions, bien que nous ne dépensions même pas les 10% de notre argent pour l’alimentation. Par contre, qu’un gadget électronique coûte 100 francs de plus ne semble pas décisif pour un certain nombre de clients. Il ne faut jamais oublier que dans tout achat il y a un côté irrationnel très fort.»
Mettre la main au porte-monnaie n’est donc pas un acte si anodin qu’il n’y paraît. Deux personnalités romandes lèvent le voile sur leur manière de dépenser.

De Laurence Caille


Sandrine Viglino: «Instinctivement, on cherche toujours la meilleure affaire»

Actuellement en tournée avec Yann Lambiel dans «Aux suivants», Sandrine Viglino repartira ensuite sur le routes de Suisse romande avec «L’air de rien...»
Dans son one woman show, l’artiste valaisanne se présente comme «née catholique, Valaisanne, Migros». Lorsqu’il s’agit de faire les courses, elle est souvent pressée. «Je passe ma vie dans ma voiture. J’achète les produits de première nécessité au petit magasin de mon village. Ce ne sont pas forcément de bonnes affaires, mais j’y trouve tout. Je fréquente volontiers les petits commerces: boulangerie, boucherie. C’est peut-être un luxe: je vis seule et sans enfants et peut privilégier la qualité.» Pareil pour les articles non alimentaires: dans la mesure du possible, elle achète à Martigny. «En fin de compte, avec le service après-vente, on s’y retrouve. Je préfère acheter mes instruments dans un magasin de Martigny qui m’a sauvée une fois plutôt que de passer des heures à comparer les prix sur
internet. Je suis un peu flemme...» Devant un énorme panneau solde, «j’essaie de me raisonner, mais instinctivement, on cherche toujours la meilleure affaire. Reste que même aux soldes, j’ai l’impression de me faire rouler. Les revendeurs ont des marges pas possibles. Mais c’est un état d’esprit. Je préfère acheter une bonne paire de chaussures plutôt que dénicher la bonne affaire. Sans compter que je n’ai pas le temps de courir les soldes et que, bien souvent, il n’y a pas ma taille.»
Pour un appareil photo, par exemple, elle va comparer le prix, «parce que je n’en ai pas besoin dans l’immédiat». Pour les affaires sur la Toile, elle laisse faire ses cousines qu’elle charge de revendre des choses sur Ebay ou Ricardo.


Antonio Hodgers: «J’ai souvent l’angoisse d’avoir fait un mauvais achat»

Conseiller national genevois récemment élu à la présidence du groupe parlementaire des Verts, Antonio Hodgers n’aime pas trop faire du shopping. Ses achats, il les fait au magasin le plus proche et «par internet pour les grandes commissions. Je n’achète que ce dont j’ai besoin en fonction des besoins de mon ménage.» Ce qui lui importe: la qualité et l’origine du produit. Les très gros rabais ne suffisent pas à le faire craquer pour un article. «Je me demande si j’ai vraiment besoin de cet article. J’évite d’acheter une chose pour l’unique raison qu’elle n’est pas chère.»
S’il n’a pas la fièvre des soldes, il va tout de même attendre le bon moment pour acheter. Mais il ne recherche pas les bonnes affaires. «Ça prend trop de temps.» D’autant que, de retour à la maison, «j’ai souvent l’angoisse d’avoir fait un mauvais achat». Quant au prix, «si l’article est de qualité, produit dans des conditions sociales et environne- mentales décentes, oui je trouve que le prix est juste».


RÉSULTATS DU SONDAGE EN LIGNE

Les bonnes affaires :
6% je craque pour tout et pour rien
22% ne sont jamais des achats malins
47% j’achète seulement les articles repérés depuis longtemps
25% c’est génial!

977 personnes ont donné leur avis sur notre site internet du 27 décembre 2010 au 6 janvier 2011.

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